« Samson et Dalila » de Saint-Saëns à l’Opéra Grand Avignon

« Samson et Dalila » de Saint-Saëns à l’Opéra Grand Avignon

« Samson et Dalila » est le seul des treize opéras que composa Camille Saint-Saëns qui soit joué un peu partout dans le monde musical ; c’est un chef-d’œuvre absolu. Ébauché en 1868, il ne fut achevé qu’en 1876 et créé, en allemand, à Weimar (grâce à Liszt), en 1877 puis à Rouen, en français, en 1890 seulement ! C’est un « Grand Opéra » en trois actes et quatre scènes sur un livret de Ferdinand Lemaire d’après le Livre des Juges de la Bible (chapitres 13 à 16) qui conte comment Samson, annoncé comme le libérateur du peuple juif de la tutelle des Philistins, fut séduit par Dalila, au service des oppresseurs, qui arracha au héros des Hébreux le secret de sa force et le réduisit à merci. Deux airs sont célèbres dans cette œuvre que les grandes mezzos veulent interpréter : « Printemps qui commence » au premier acte et « Mon cœur s’ouvre à ta voix » au deuxième. À Avignon, ce fut Marie Gautrot qui incarna Dalila et Marc Laho qui campa Samson ; à leurs côtés Nicolas Cavallier fut le Grand Prêtre. Mise en scène et décors assurés par l’Espagnol Paco Azorin bon connaisseur de … Shakespeare, et costumes par Ana Garay, la direction musicale étant confiée à Nicolas Krüger, bon spécialiste du théâtre lyrique, tous nouveaux venus en la Cité des Papes ; ce devait être une découverte pour tous les lyricomanes avignonnais. La mise en scène qui voulait, semble-t-il, dénoncer la haine entre les peuples jusqu’aujourd’hui, était confuse, submergée parfois par des figurants en trop grand nombre (participatifs membres d’associations caritatives) auxquels se mêlaient les choristes des maisons d’opéras d’Avignon et de Toulon. Décors minimalistes, dominés par les six grandes lettres du nom d’Israël (photo), et costumes contemporains, cette lecture de l’opéra de Saint-Saëns (images de ruines de Gaza (?) de nos jours au deuxième acte) pouvait laisser penser que les Philistins d’aujourd’hui ce sont les Israëliens et les Hébreux d’autrefois, les Palestiniens ! L’omniprésence d’une journaliste – rôle muet – caméra au poing renforçait cette idée. Quant aux protagonistes, ils ne faisaient pas le poids ; rôle trop lourd pour Marc Laho nonobstant son engagement scénique ; de même pour Marie Gautrot dont on salua néanmoins la dramaturgie parfaite. L’Orchestre national Avignon-Provence a sonné remarquablement sous la direction de Thomas Krüger qui a mis en valeur une riche partition ; un spectacle somme toute décevant.

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