Concert pour la nature exaltée

Concert pour la nature exaltée

Le cycle « Les Nuits d’été » que Berlioz composa sur six poèmes de Théophile Gautier à l’aube des années 1840, d’abord pour mezzo-soprano et piano et qu’il orchestra par la suite apparaissent à l’époque comme un genre musical nouveau, la mélodie avec ensemble instrumental dont s’emparèrent ensuite tous les grands compositeur de la fin du XIXe et du XXe siècle ; d’une grande diversité de ton, de l’Allegretto au Lamento, ces mélodies furent interprétées par la talentueuse mezzo-soprano Aude Extrémo, bien connue dans notre région, accompagnée par l’Orchestre National Avignon-Provence placé sous la baguette de l’excellent chef (et pianiste) Jean-François Heisser. La cantatrice dotée d’une voix puissante et aux graves impressionnants a su traduire finement, avec un grand sens des nuances vocales, les émotions évoquées par les beaux poèmes de Théophile Gautier, soutenue par un orchestre brillant dont le chef a su faire rutiler une riche partition aux nuances infinies. Orchestre qui avait auparavant interprété une œuvre de la compositrice française Camille Pépin, « Avant les clartés de l’aurore » créée en 2020, inspirée par un poème de Pouchkine et qui exalte la nature avec de nouveaux timbres et de nouveaux rythmes : orchestre en formation chambriste (douze musiciens, par deux, violons, clarinettes, trompettes, cors et vibraphones) pétri d’impressionnisme, la compositrice sous l’influence bénéfique tout à la fois de Debussy et de Ravel tous deux transcendés dans cette page d’une grande délicatesse admirablement rendue par les musiciens solistes de l’orchestre. Ce concert s’acheva sur la 4e Symphonie en si bémol majeur, en quatre mouvements, de Beethoven (1806) toute de calme et de sérénité, « une menue dame grecque prise entre deux dieux nordiques », selon Robert Schumann… mais ici menée à un rythme endiablé sous la direction sans baguette de Jean-François Heisser d’une rigueur implacable. De la belle ouvrage !

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