« Deux soeurs » en concert

« Deux soeurs » en concert

On ne présente plus les deux splendides mezzo-sopranos que sont Karine Deshayes (photo) et Delphine Haidan qu’on a entendues maintes fois en divers lieux du Vaucluse et notamment à sur la scène de l’Opéra Grand Avignon ; il nous souvient avoir découvert la toute jeune Karine Deshaye à Vaison-la-Romaine, le 1er août 2002 aux côtés de la soprano Alexia Cousin. Vingt ans déjà…! On les a donc retrouvées avec plaisir au cours de ce concert  où furent proposées des œuvres allant de la fin du Siècle des Lumières au premier romantisme du XIXe siècle, de Gluck à Rossini en passant par Bellini et Berlioz mais aussi par trois compositrices redécouverts elles aussi, Pauline Viardot, Louise Bertin et Clémence de Granval (incursion à la fin du XIXe siècle). On  sait que la directrice musicale et cheffe de l’Orchestre National Avignon-Provence, Débora Waldman s’attache à promouvoir le répertoire féminin, d’où, ce soir-là, l’ouverture de l’un des opéras de Louise Bertin, « Fausto », contemporaine de Berlioz que l’on pouvait deviner en arrière-plan au niveau de l’orchestration, mais aussi deux extraits de l’opéra « Mazeppa » de Clémence de Granval, musicienne prolifique, disciple de Saint-Saëns, où rutilait l’orchestre – notamment les cuivres et les bois. De Pauline Viardot on entendit deux très belles pages vocales, extraites la première de son opéra de chambre  « Le Dernier sorcier », la seconde étant une belle mélodie sur un poème de Pouchkine, « Les Monts de Géorgie » le tout distillé finement par Delphine Haidan, tout comme le célèbre air « J’ai perdu mon Eurydice » de Gluck. Karine Deshayes chanta  merveilleusement le récit et l’air d’« Orphée » de Gluck « Amour vient rendre à mon âme » et l’air d’Elvira « Qui la Voce » des « Puritani » de Bellini, toute d’opulence. En duo ce fut un florilège : trois airs tirés de trois opéras emblématiques de Rossini, « La donna del lago », « Elisabetta, regina d’Inghilterra » et « Semiramide », où les deux cantatrices dialoguèrent avec des accents fort différents, Karine Deshayes, voix ample tirant vers le soprano, Delphine Haidan aux graves ensorceleurs. Public restreint mais aux anges ce qui lui valut deux superbes bis, la « Barcarolle » des « Contes d’Hoffmann » et une emballante zarzuela. Bien belle soirée… ! 

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