Opéra-comique au féminin, « La Sérénade » de Sophie Gail

Opéra-comique au féminin, « La Sérénade » de Sophie Gail

Bien rares sont les mélomanes qui connaissent Sophie Gail (1775-1819) compositrice française du Siècle des Lumières à la Restauration, auteure de cinq opéras-comiques, celui qui connut le plus franc succès étant « La Sérénade » créé en 1818, sur un livret de l’écrivaine et compositrice Sophie Gay, inspiré par une comédie de Jean-François Régnard. Il conte les amours de deux jeunes gens contrariés par les vues que le père du jeune homme jette sur la jeune fille ; comment le disqualifier tout en lui faisant payer la composition d’une sérénade destinée à la jeune fille ? Tel est le thème de cette joyeuse partition mise en scène par Jean Lacornerie dans des décors impressionnants quoique minimalistes de Bruno de Lavenère et de plaisants costumes, fort réussis, de Marion Bénagès réalisés dans les Ateliers de couture de l’Opéra Grand Avignon. Une distribution vocale de grande qualité où cantatrices et chanteurs témoignaient en outre de réels talents de comédiens, comme sortis de la « commedia del’arte », au premier rang desquels était le baryton Thomas Dolié dans le rôle central de Scapin, suivi de la soprano Elodie Kimmel dans celui de Marine, le ténor Enguerand de Hys dans celui de Valère l’amoureux de Léonore incarnée par la soprano Julie Mossay entre autres. Mais le réalisateur a transformé cette bluette en une sorte d’opéra participatif où le personnage Champagne campé par le talentueux et dynamique Gilles Vajou devenait un Monsieur Loyal démontant pédagogiquement l’opéra-comique pour le replacer dans son contexte historique tout en invitant le public à s’associer aux chanteurs pour entonner le final ; mais trop c’est trop et l’ensemble, du coup, manquait de cohérence ; dommage ! Restait la musique de Sophie Gail qui oscille entre Mozart et Rossini que mirent en valeur épisodiquement le Chœur (anecdotique) de l’Opéra Grand Avignon et l’Orchestre national Avignon-Provence sous la baguette affûtée de Débora Waldman, grande promotrice des compositrices ! 

Les commentaires sont clos.