« Rinaldo », un Moyen-Âge revisité
Premier opéra de Haendel composé pour un théâtre anglais, « Rinaldo » fut créé en 1711 à Londres. Aaron Hill est l’auteur du livret, librement inspiré de « La Jérusalem délivrée » de Torquato Tasso (Le Tasse), source inépuisable tant d’opéras dramatiques à l’époque baroque que de peintres classiques (image) ; le livret de celui-ci fut traduit en italien par Giacomo Rossi. Il conte le combat mené par les Croisés chrétiens pour s’emparer de Jérusalem que domine le Musulman Argante, combat compliqué par la présence d’une magicienne, Armida ; cet opéra est une histoire d’amours échevelées que réalisa pour cette coproduction la metteure en scène Claire Dancoisne dans sa propre scénographie. On était en pleine atmosphère baroque au niveau de la machinerie teintée d’une évocation du théâtre napolitain avec des marionnettes joliment imaginées pour ce Moyen-Âge revisité ; très beaux costumes d’Elisabeth de Sauverzac sous les lumières discrètes d’Hervé Gary fort bien venues. Une belle et solide distribution composée d’interprètes qu’on découvrit à cette occasion : le vaillant contre-ténor Paul Figuier dans le rôle-titre, Rinaldo, curieusement coiffé, aux côtés du noble Goffredo de la mezzo-soprano Blandine de Sansal et de l’Almirena de la soprano Mailys de Villoutreys qui émut le public avec le splendide air « Lascia ch’io pianga », immortel : applaudissements à tout rompre ; face à ces protagonistes, la terrible magicienne Armida de la soprano Aurore Bucher, impressionnante, et dans le rôle du roi de Jérusalem Argante le baryton Timothée Varon, parfait dans ce rôle déchirant par moments. Dans la fosse Bertrand Cuiller et l’ensemble Le Caravensérail qu’il a créé en 2015 avec lequel il a monté « Rinaldo » à Royaumont en 2018, ont fait merveille, soutenant sans faiblir les protagonistes de ce beau drame baroque. Public ravi de cette découverte !